vendredi 29 janvier 2016

L’oncologie comparative

Quand le cancer du chien peut aider à comprendre celui du maître

Les études portant  sur les cancers chez le chien peuvent apporter une aide dans la  connaissance des cancers humains tout en contribuant à améliorer les soins à ces petits animaux.

La faiblesse des études classiques avec des animaux de laboratoire tels que les rats et les souris, est qu’il est difficile d’appliquer les mêmes paramètres aux humains. La correspondance du modèle « rongeurs » avec les humains n’est pas parfaite, loin s’en faut.

On estime que plus de 4 millions de chiens seront diagnostiqués avec un cancer cette année aux USA. 

Voici quelques observations  intéressantes :


  • Les chiens et les humains sont les deux seules espèces qui développent naturellement le cancer de la prostate. Chez les deux espèces, les métastases aux os sont les plus fréquemment retrouvées.
  • Le type de cancer de la glande mammaire (cancer du sein) qui affecte les chiennes entraîne des métastases préférentiellement aux os (même chose chez la femme)
  • Le cancer des os le plus fréquent chez le chien, l’ostéosarcome est du même type que celui qui affecte les adolescents. Sous le microscope, les cellules cancéreuses provenant de l’ostéosarcome d’un adolescent sont non différenciables de celles du cancer osseux d’un golden retriever.
  • Les cancers de la vessie, les mélanomes et les cancers de la bouche sont d’autres exemples où l’on retrouve des similitudes entre les chiens et leur maître.
  • Le lymphome le plus fréquent chez le chien est comparable au lymphome des cellules B non-Hodgkiniennes chez l’humain.

De telles similarités permettent une nouvelle approche dans la recherche contre le cancer; « l’oncologie comparative ». Cela permet de transformer une triste nouvelle en une ressource nationale pour aider les autres animaux et les gens.

Le fait que les chiens développent « naturellement » le même type de cancer que nous fait en sorte que les études prédictives sont meilleures que celles effectuées avec des rongeurs. Les cancers étudiés chez des rongeurs sont provoqués artificiellement et rapidement alors qu’un cancer peut prendre de 20 à 30 ans à se développer chez un humain.  Des thérapies qui fonctionnent merveilleusement bien chez les rats échouent chez l’humain. Cela pourrait expliquer à quel point les progrès de la science à trouver une cure efficace contre le cancer sont d’une lenteur frustrante. L’étude et le traitement des tumeurs affectants les chiens offre une opportunité de recherche sur la complexité du développement du cancer d’une façon moins artificielle.

Une réponse positive des chiens à certains traitements devient donc une indication que le même traitement fonctionnera chez l’humain à cause des ressemblances entre les deux espèces au niveau du comportement de ces mêmes cancers.

Certaines races de chiens sont particulièrement susceptibles à certains cancers. Par exemple : cancer des os chez les rottweilers, cancer de la cavité nasale chez les collies, cancer de l’estomac chez les chow chow, cancer du cerveau chez les boxer, lymphome chez les golden retriever, cancer de la vessie chez les scottish terriers. Les chercheurs y voient un intérêt pour la recherche de causes génétiques aux cancers.

Jadis, nos ancêtres humains ne vivaient pas assez longtemps pour développer et être affligés de cancer relié à l’âge. L’hygiène et la médecine moderne ont contribué à allonger l’espérance de vie mais aussi à augmenter le risque de développer un cancer au moment de la vieillesse.  Le même phénomène s’applique aux petits animaux domestiques. Ils sont protégés des prédateurs, bien alimentés et soignés. Ils vivent aussi plus longtemps que leur ancêtre.

L’observation des deux populations humaines et canines d’une même région qui développeraient un taux plus élevé que normal d’un même type de cancer pourrait appuyer fortement la suspicion d’une cause environnementale.

Le mystère de la résistance aux cancers (les personnes centenaires sont moins susceptibles de mourir d’un cancer que les gens entre 70 à 80 ans) ne pourra être compris qu’en étudiant de près cette population, soit leur génétique, leur diète et leur style de vie. Mais il est souvent impossible d’avoir des informations pertinentes sur leur vie au moment du jeune âge. Les chercheurs se sont donc demandé si ce phénomène de résistance aux cancers se retrouvait chez les chiens. La réponse est oui!

Maintenant, en questionnant les propriétaires de chiens très vieux, les oncologues peuvent construire l’histoire de vie de ces chiens « centenaires ». Combiné à une étude génétique cela leur procure un champ d’étude déterminant pour la compréhension de la résistance aux cancers. Aujourd’hui le séquençage du génome canin est complété.  Découvrir quel gène en particulier est impliqué dans tel type de cancer canin pourra aider les investigateurs à déterminer si et comment le même gène opère dans l’apparition du cancer humain.

L’oncologie comparative n’induit pas de cancer chez les animaux mais tente de traiter avec compassion les chiens qui souffrent du même type de cancer que développent naturellement l’homme et son meilleur ami et utilise ces observations pour l’avancée de la recherche.

Sans tomber dans l’acharnement thérapeutique on devrait garder en tête qu’en traitant un chien pour un cancer on fait preuve de compassion et on contribue à l’avancement de la recherche sur le cancer en général.  Ce sont les petits rongeurs de laboratoire qui seront content!